1990

On remarque sur la pochette de l'album une impression de tristesse sur le visage de Rory... Ses ennuis de santé qui le mine ?

FRESH EVIDENCES - LP

Tous les titres composés par Rory Gallagher

(exceptés ceux notés)

Face A

  1. "Kid Gloves" – 5:39
  2. "The King of Zydeco (dédicacé à Clifton Chenier)" – 3:42
  3. "Middle Name" – 4:13
  4. "Alexis" (instrumental) – 4:06
  5. "Empire State Express" – 5:11 (de Eddie ''Son'' House'') 

Face B

  1. "Ghost Blues" – 7:59
  2. "Heaven's Gate" – 5:08
  3. "The Loop" (instrumental) – 2:21
  4. "Walkin' Wounded" – 5:08
  5. "Slumming Angel" – 3:39

CD bonus track

  1. "Never Asked You for Nothin'" – 4:29
  2. "Bowed Not Broken" – 3:26

Date de réalisation : 1er Mai 1990 / Remasterisé en 2018

Maison de disques: UMC

Location: Recorded at Maison Rouge, Redan Recorders, Music Station and Audio One

On participe à l'album :

Rory Gallagher (Guitares électrique & Acoustique, Chant, Dulcimer, Sitar électrique & Mandoline)

Gerry McAvoy (Basse)

Brendan O’Neill (Batterie)

Mark Feltham (Harmonica)

Geraint Watkins (Accordéon)

John Cooke (Claviers)

Lou Martin (Piano)

John Earle (SaxophonesTenor & Baritone)

Ray Beavis (Saxophone Tenor)

Dick Hanson (Trompette)

WHAT DONALD THINK ABOUT THIS ALBUM (in English language only)

Mardi 22 avril 2025

A l'occasion d'une de mes maraudes sur Internet je tombe, il y a quelques jours, sur un site Internet (https://metal.nightfall.fr/index.php pour ne pas le nommer) et j'y découvre d'excellentes chroniques des albums de Rory (euphémisme du mois !). Aujourd'hui même, Dark Beagle, l'un de ces talentueux chroniqueurs, me fait le grand plaisir de m'autoriser à associer les siennes aux pages des albums qu'il a chroniqué. Une plus-value considérable pour ce site, merci Fred !!!

Par DARK BEAGLE le 10 Août 2022          

Qui pouvait prédire qu’à sa sortie, «Fresh Evidence» allait être le dernier album studio à paraître du vivant de son géniteur, Rory Gallagher ? Peut-être qu’inconsciemment, le principal intéressé le supputait, ce qui expliquerait certains choix dans la conception de ce disque. Il se savait assez peu en forme et malgré les suppliques de son frère Donal, il n’a pas vraiment fait grand-chose pour rectifier le tir. Un abus, ça en entraîne souvent un autre et cela devient un cercle vicieux. Quand c’est pratiqué avec l’aval d’un médecin, c’est d’autant plus compliqué. Le titre de l’album en lui-même peut provoquer des questionnements : Fresh Evidence signifie grosso modo « de nouvelles preuves » et quand on connaît la passion de Rory pour le polar et les films noirs, cela tombe sous le sens. Mais difficile de ne pas y voir un message caché quand on connaît la suite.

Mais ne brûlons pas les étapes, il y a pas mal de choses à dire sur cette ultime offrande d’un des guitaristes parmi les plus généreux qui soient. Depuis TASTE, il aura régalé les foules avec son jeu enlevé, riche, tirant sa force d’une passion du Blues qui ne l’aura jamais quitté. Il lui arrivait d’être parfois un peu moins inspiré, ce qui pend au nez de tous les artistes, mais il y avait toujours quelque chose qui venait sauver l’ensemble, une candeur derrière l’écriture ou plus probablement une grande intégrité qui fait qu’il se donnait tout le temps à fond et qu’il trouvait encore la force de se magnifier sur scène. Un monstre, quoi. «Fresh Evidence» s’inscrit dans cette logique intellectuelle et, physiquement, il reprend la formule de «Defender», et surtout, il va la sublimer de très belle façon, ne transpirant pas que le Blues, mais en suintant quelques-uns de ses dérivés par tous les pores.

La pochette – l’originale – dépeint finalement assez bien le disque. Nous y voyons Rory, qui s’est un peu empâté avec les années. Il est toujours avec sa fidèle guitare, celle qui le suit sur quasiment toutes les jaquettes, devant des amplis. Il pourrait être sur scène, mais c’est plus vraisemblablement dans un studio, à l’ambiance très enfumée. Comme s’il n’était pas seul. Et pour le coup, s’il n’évolue plus sous la forme d’un power trio (John Cooke a été anobli à son poste de claviériste), Rory va faire appel à un nombre plus élevé d’invités qu’à l’accoutumée, même s’ils sont pour la plupart des figures connues de l’entourage de l’Irlandais pour les fans (Ray Beavis et John Earle aux saxos, Mark Feltham à l’harmonica...). La réelle nouveauté, c’est le temps passé en studio pour l’élaboration de «Fresh Evidence». Pour Gallagher, enregistrer un disque, ça devait prendre maximum deux semaines. Après, ça devenait pénible. Ici, ce sont six mois qui se sont écoulés pour les différentes prises et tout mettre en boîte. Et le résultat en valait clairement la peine.

Si «Defender» s’écartait fortement du Hard Rock, «Fresh Evidence» tourne la page. Grosso modo, on pourrait avancer sans trop se tromper que je n’ai pas à vous parler de ce disque ici. Une fois n’est pas coutume, je ne vais pas me gêner pour le faire. En 1990, le hasard a voulu que deux guitaristes irlandais aillent chacun publier un disque de Blues. Celui dont on se souvient est Gary Moore avec son «Still Got The Blues» qui a bénéficié du soutien d’une grosse maison de disques. Gallagher était diffusé par son propre label, Capo, et touchait moins les médias (il faut dire que sans clip pour accompagner une chanson, il n’est pas facile de viser plus que les lecteurs des magazines spécialisés au début des années 90). Et même si l’opus de MOORE se tient plutôt bien, on peut voir là une certaine forme d’injustice vu que «Fresh Evidence» est nettement plus puissant émotionnellement que «Still Got The Blues» qui se complait parfois, quant à lui, dans une certaine facilité (*).

Rory a donc passé du temps en studio, à peaufiner les morceaux, à tester des choses, à chercher de vieux équipements pour retrouver une patine vintage dans le son. Cela lui réussit plutôt bien, son Blues est toujours aussi électrique et vivant, il y a un grain, une texture à l’oreille qui le rend très agréable à l’écoute. Et Gallagher a cherché à gonfler ses titres, à leur apporter une épaisseur et une consistance un brin déroutante à la première écoute. «Kid Gloves», d’entrée, nous met face aux envies du guitariste. Un Blues énervé sur lequel sa voix travaillée au whisky est du meilleur effet et où l’on a le plaisir de retrouver une nouvelle fois le piano de Lou Martin, toujours en osmose avec son ancien comparse. Et, plus en retrait, des cuivres qui viennent apporter un peu de chaleur et de joie à ce morceau qui nous parle encore une fois d’une histoire inspirée par les films noirs qu’il affectionnait tant.

Rory va beaucoup regarder derrière lui et entrer dans une espèce d’introspection par moments qui va rendre cet opus assez déroutant au niveau des ambiances qui s’y croisent. Il y a une ligne de fond, un fil conducteur entre certains titres qui laissent à penser que le guitariste se savait nettement plus proche de la fin que du début, il va évoquer la mort à plusieurs reprises, se montrer moins positif qu’à son habitude. Même quand il faisait saigner le cœur de son instrument dans les ’70, il ne semblait pas aussi sombre. Et en contrepartie, il va produire deux instrumentaux – chose relativement inédite avec lui ! – qui vont se montrer plus joyeux, qui vont apporter un peu de bonne humeur à l’ensemble. «Alexis» transpire le groove tandis que «The Loop» s’inspire du Jazz et cela permet de faire des pauses assez salvatrices avant de réattaquer des pièces plus intimistes.

Il est tout à fait possible d’avancer que «Fresh Evidence» est un disque hanté. On retrouve déjà Eddie Son House, décédé deux années avant la parution de ce disque, le temps d’une reprise très prenante de son «Empire State Express», un Delta Blues dans une version très dépouillée où l’on retrouve Rory dans un exercice guitare-voix qui file le frisson. Il y a également le spectre de Clifton Chenier, décédé en 1987 et l’amertume d’une rencontre avortée entre les deux hommes qui aura miné Rory. Ce dernier va lui rendre hommage sur «The King Of Zydeco (**) en se frottant à ce style très particulier, propre aux Cajuns, à grand renfort d’accordéon (tenu par Geraint Watkins, qui aura joué avec quelques-uns des plus grands comme Mark Knopfler ou encore Paul McCartney). Puis il y a Rory lui-même. Pas que sa performance soit transparente, bien au contraire, mais il se livre par moments, il raconte ce qu’il ressent, ce que son corps meurtri lui dit, comme sur «Walkin’ Wounded», qui s’autorise malgré tout l’espoir à travers le combat permanent.

Et il est difficile de prendre Gallagher à défaut sur ce disque. «Fresh Evidence» est varié et s’il délaisse l’aspect purement Rock, qu’il ressemble à un retour aux sources, on ne peut pas l’en blâmer. Rory livre encore une fois une prestation énorme, qui va s’achever sur un Folk très électrifié, «Slumming Angel», qui montre très bien qu’il sait d’où il vient, ce qu’il doit à cette musique parfois populaire qu’il a toujours aimé et défendu. Et il est brillant. L’alcool n’émousse pas son toucher, c’est tout juste s’il patine sa voix, reconnaissable entre mille. Aussi à l’aise en électrique qu’en acoustique, il éclabousse une dernière fois un de ses albums de son immense talent. Il n’est peut-être pas toujours le plus juste, mais il aura toujours été passionné et il l’aura toujours restitué avec beaucoup de cœur et d’envie.

Puis voilà, les médicaments et l’alcool auront eu raison de lui. Le 14 juin 1995, il va tirer sa révérence et rejoindre les musiciens qu’il aura tant admirés, aussi bien dans sa jeunesse que lors de sa vie d’adulte. Avant cela, il trouvera la force de confier à son frère Donal le soin de gérer ses affaires, ce qu’il fera pour que personne n’oublie celui qui fut plus que son frangin (***) qu’il continue à vivre, encore et toujours, pour ne pas devenir un nom sur une plaque de rue qui ne signifiera plus rien à la masse passé une ou deux générations. «Fresh Evidence» est donc le véritable dernier album de Gallagher et franchement, partir sur un tel coup d’éclat est aussi beau que cela est frustrant pour tous les amateurs de Blues et de Rock. Personnellement, celui-ci figure sur mon podium de l’artiste. Alors merci à lui pour toute cette excellente musique, qui ne doit surtout pas être oubliée.

(*) Oui, j’y vais fort, mais là, à chaud, je collerai un 4/5 au disque de Moore tout de même, faut pas pousser mémé dans les orties non plus, surtout quand elle n’a pas de culotte.

(**) Le Zydeco est une forme de Blues qui se joue principalement en Louisiane, dont le nom vient d’une mauvaise prononciation du mot « haricot » et qui va souvent mêler des influences créoles et des instruments nés avec les moyens du bord pour certains, comme la fameuse planche à laver.

(***) Pendant très longtemps, Donal parcourait les routes avec Rory, inséparables.

https://metal.nightfall.fr/index_15422_rory-gallagher-fresh-evidence.html

Second album de Rory le moins écouté sur Spotify avec 2,4 millions d'écoutes. le produit d'une campagne de dénigrement orchestrée par une presse internationale ayant décidé que Rory n'était plus à la mode. Seul ''Gosht Blues'' avec 960.879 écoutes en ressort. ''Slumming Angel'', deuxième sur le podium avec 328.000 écoutes et l'excellent ''King Of Zydeco'' (qui mérite dix fois plus !) 179.000.

UN SIGNE DE... L'AU-DELA ?

Une histoire incroyable - mais absolument vraie - et étrange :

2009, ma femme, quelques amis et moi avons fait un long road-trip en voiture entre New York et la Nouvelle-Orléans. En arrivant en Louisiane, à un croisement, je vois un panneau routier annonçant la petite ville de Thibodaux, je pense immédiatement à la chanson 'The King of Zydeco' de Rory. Je met mon clignotant et roule jusqu'au centre ville et sous une pluie battante et le premier panneau publicitaire que je vois...  :

Un clin d'oeil que m'envoie Rory depuis l'au-delà ?...

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